Le Figaro 24-05-2014

 

Les CCI menacent de couper les vivres de petits aéroports ou de centres d'apprentissage si le gouvernement suit les recommandations du rapport de la mission de l’IGF.

 

 

Les chambres de commerce et d'industrie (CCI) sont sur le pied de guerre. Le prérapport de l'Inspection générale des finances (IGF), qui recommande une coupe sévère dans leur budget et propose de passer de 145 chambres en France à une par région dès 2017, a mis le peu aux poudres. À la recherche d'économies, Bercy veut prélever une partie des 2 milliards de réserves des CCI, mais aussi diminuer de 32% leurs ressources fiscales affectées via une taxe payée par les entreprises.

Un projet qualifié de véritable «coup de massue» par Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI de Paris et vice-président de CCI France. «Nous avons des réserves, car nous sommes bien gérés. Sur les 2 milliards de fonds de roulement, 600 millions sont affectés aux gestions d'infrastructures, 400 au paiement des retraites futures et le reste nous sert à investir», souligne-t-il, regrettant que l'administration n'ait mené aucune comparaison avec les collectivités locales ou les agences de l'État.

Vent debout, les CCI ont donc envoyé un ultimatum explicite au gouvernement, menaçant de supprimer 6000 emplois (sur les 26.000 du réseau) et d'abandonner certaines de leurs missions s'il suivait les recommandations de l'IGF. Le cabinet d'Arnaud Montebourg est sur la brèche, le Medef et la CGPME mettent la pression.

Car les CCI assurent qu'elles cesseront, ni plus ni moins, de financer certains équipements non rentables, comme une quinzaine de petits aéroports de province et certains ports de pêche en Bretagne et Normandie. Elles envisagent également de fermer une partie des centres de formation d'apprentissage (CFA) où elles accueillent chaque année 100.000 jeunes, soit un quart du total national. «Je connais le travail irremplaçable que font les CFA du réseau des CCI», affirmait pourtant, jeudi, François Rebsamen, ministre du Travail.

Prêtes à participer au redressement des comptes publics

Appelées à la rescousse par l'État pour sauver l'Agence pour la création d'entreprise, les CCI pourraient, là aussi, se faire porter pâles. Ou encore cesser d'évangéliser les chefs d'entreprise sur le CICE, le pacte de responsabilité, et autres dossiers où elles portent la parole publique en collaboration avec les préfets.

Accusées d'être «trop grasses», «trop riches», les CCI font-elles un chantage d'enfants gâtés? Souvent installées dans les anciennes bourses de commerce, ou à Paris dans le magnifique hôtel Potocki, elles disposent d'un patrimoine unique hérité de l'histoire, mais qui n'est pas liquide. Quant aux généreux salaires des cadres dirigeants, ils sont «comparables avec ceux de la fonction publique», affirme Pierre-Antoine Gailly.

Les CCI se disent prêtes à participer au redressement des comptes publics. La carte consulaire est d'ailleurs en pleine réorganisation: les CCI de Basse et Haute-Normandie ont déjà fusionné, les cinq CCI du Nord-Pas-de-Calais n'en feront plus qu'une en 2015, et la CCI d'Île-de-France est le fruit de la fusion de 8 chambres.

«Nous accepterons des propositions même douloureuses, si elles sont raisonnables», assure Pierre-Antoine Gailly. Le cabinet d'Arnaud Montebourg y travaille. Mais le temps presse. Car faute de réponse du gouvernement, l'assemblée générale des CCI, qui se tient mardi, pourrait prendre des décisions lourdes de conséquences.

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L'ultimatum des chambres de commerce à Montebourg

Les CCI menacent de couper les vivres de petits aéroports ou de centres d'apprentissage si le gouvernement suit les recommandations de l'Inspection générale des finances, qui recommande notamment une coupe sévère dans leur budget.

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