2016 Lettre Ouverte à la CCI Paris-Ile-de-France
Il faut restaurer la confiance !
Une CCI est un établissement public à statut particulier, dirigé par des chefs d’entreprise, élus par leurs pairs, au service du développement économique et social d’un territoire.
Une CCI est aussi une institution dont la richesse, la valeur, l’utilité tiennent à la qualité, la compétence et l’engagement de son personnel. Sans ses moyens humains - ses agents - une CCI n’est plus rien, ainsi que vous nous l'avez si souvent rappelé.
La confiance en la CCI est donc primordiale. Mais cette confiance ne se décrète pas ; elle n’est pas définitivement acquise ; elle s’acquiert par la bienveillance, l’écoute, le dialogue, la compréhension mutuelle, la concertation et la transparence.
Certes les pouvoirs publics, sous la pression de la conjoncture, ont baissé les ressources fiscales des CCI. Ils ont également ponctionné lourdement les fonds de réserves des Chambres.
Aujourd’hui, le message officiel est simple, voire simpliste : c’est la faute de l’Etat !
Mais cela n’est pas suffisant pour expliquer et justifier la situation dramatique dans laquelle la CCI de la région capitale se trouve. Les causes sont aussi et surtout internes :
- L’orgueil et l’arrogance d’une institution qui n’a pas su ou voulu s’adapter. En tout cas pas assez vite. Les dirigeants de la CCI n’ont pas anticipé les différentes étapes de la décentralisation et la Chambre les a donc toutes subies.
- L’ignorance et le mépris dans lesquels les personnels ont été volontairement tenus. Ils n’ont jamais été véritablement associés aux réflexions et aux décisions d’un cercle très fermé. Des personnels qui sont désormais bel et bien pris en otages de débats politiciens et d’intérêts qui les dépassent. Ainsi, actifs et retraités de la CCIR doivent aujourd’hui payer seuls l’addition.
- L’indigence et l’aveuglement de décisions dites « stratégiques », pourtant inappropriées, parce qu’exclusivement motivées par des considérations financières et budgétaires, ont conduit inexorablement à un plan social brutal avec la suppression de 315 postes permanents. Alors à quoi a servi le plan de départs volontaires de 2015, très onéreux, qui a contribué à vider l’institution d’une partie de ses forces vives, avec déjà plus de 700 départs ? Plan après plan, depuis Cap 2015 et la fusion des CCI franciliennes, cela fait maintenant plus de cinq ans que les personnels sont plongés dans le plus profond désarroi. Les sacrifices consentis ne suffisent jamais.
- L’amnésie facile et l’oubli opportuniste des promesses pourtant solennelles faites aux actifs et aux retraités de garantir le maintien des engagements antérieurs à 2006 et le dispositif d’accompagnement à l’intégration du Régime Spécial d'Assurance Vieillesse au Régime Général. Ainsi, au nom du principe de solidarité intergénérationnelle, prétexte en l’occurrence, la CCIR annonce une nouvelle série d’économies cette fois sur les retraités, alors même qu’elle leur a délibérément refusé, en 2014, ce même principe lors du changement de mutuelle en cessant brutalement de participer à leur cotisation, sans se soucier des conséquences. Les retraités de la CCIR seraient-ils coupables de l’impéritie de la Chambre ?
Et tout cela pour quoi ? Le retour à l’équilibre budgétaire dès 2017 ? Mais pour quels projets et avec quelles ambitions pour le territoire et ses ressortissants ? Non pas ses clients ! Car la Chambre, en tant qu’établissement public financé sur fonds publics, est bien dépositaire de missions de service public et non n’importe quel concurrent du secteur marchand.
L'ADEPAR* exhorte les dirigeants de la CCIR, compte tenu de l’extrême gravité de la situation, à rétablir, sans délai, un véritable dialogue constructif et équilibré avec le personnel actif et retraité et ses représentants afin d'éviter ce que déclarait le Président de la CCIR : "toute nouvelle baisse des moyens qui serait envisagée par l'Etat en 2017 nous obligerait à fermer des établissements d'enseignement et à continuer à supprimer des emplois" (Cf. article du Monde du 9 avril 2016).
Nous ne sommes ni des otages, ni une variable d'ajustement ; mais des hommes et des femmes déterminés à construire avec vous, si vous le voulez, la Chambre de Commerce et d'Industrie du XXIème siècle.
Nous vous demandons de défendre l’Institution en développant un projet dynamique qui lui permettra de poursuivre ses missions :
- Contribuer efficacement au développement économique et social des entreprises du territoire ;
- Promouvoir le rayonnement économique du Grand Paris ;
- Assurer une formation initiale et professionnelle de qualité au service des entreprises et de leurs salariés, comme le font déjà HEC, ESSEC, ESCP Europe, ESIEE, Novancia, et les Centres d’Apprentissage.
Pour le Conseil d’administration de l'ADEPAR
Pierre PRUNIER, Président
* L’ADEPAR a pour but « dans un esprit de solidarité et d’assistance mutuelle, la défense et la protection des intérêts professionnels matériels et moraux de l’ensemble des personnels actifs et retraités de la CCI Paris Ile-de-France. ». Conformément à sa vocation, par le passé, l’ADEPAR a déjà été conduite, à plusieurs reprises, à saisir la juridiction administrative pour obtenir, et avec succès, le respect des droits des agents de la CCI francilienne. Elle reste aujourd’hui plus que jamais mobilisée et vigilante pour que les décisions prises respectent aussi bien les droits des actifs que des retraités.